Orties et sol allégé pour le bien être des chevaux
mercredi 24 novembre 2010
Les trois lauréats 2010 : Laëtitia Cenni entourée de Stéphane Maddens et Bertrand Picard.
L'ortie séchée comme aliment ; un nouveau sol allégé par le liège, des cellules souches prélevées sur le cordon ombilical du poulain : ce sont les trois lauréats d'Equidéfi, concours de l'innovation dans la filière équine.
Les vertus alimentaires de l'ortieJeune femme frêle de 29 ans, Laëtitia Cenni, BEP d'élevage du cheval en poche, élève 20 pur-sang arabes Alifa Arabians « dans le respect de l'animal et de la nature » à Beuvrigny dans la Manche. Éleveur bio, elle ne voit que des qualités à l'ortie sauvage Urtica dioïca « pour sortir d'une alimentation souvent composée que de céréales ». Avec son projet Equiortie, « le cheval consomme l'ortie broyée et séchée en complément alimentaire ». Laëtitia l'affirme « c'est une plante médicinale riche en éléments nutritifs ».
Les intérêts alimentaires sont multiples : « C'est un puissant tonique sanguin, bon pour les chevaux de compétition. L'ortie préserve de l'arthrite, des rhumatismes, stimule les glandes digestives, lutte contre les affections de la peau et est riche en vitamine D ». Elle est aussi galactogène : « Les juments produisent plus de lait plus crémeux et de meilleure qualité ». Ce qui est aussi vrai pour les vaches laitières.
Du liège et des fibres sous le gazonBertrand Picard, 30 ans, Essec Paris, se destinait à une carrière dans la banque. Il découvre les stades de foot et de rugby anglais pour la banque Rothschild et s'intéresse de plus près aux pelouses gorgées d'eau l'hiver, les mottes de terre soulevées par les crampons des joueurs. Même constat sous les sabots des chevaux.
Bertrand laisse la banque pour étudier un sol drainant plus léger et plus stable en incorporant au sable des fibres très fines et du liège imputrescible « sur lequel pousse un gazon qui ne s'arrache pas ». Ainsi naît le gazon radicalé après dix ans de recherches. Implanté dans l'Essonne, Bertrand Picard installera près du Haras du Pin sa filiale commerciale « cheval » pour vendre son sol « plus homogène ». Ses clients : les centres équestres et les hippodromes. Il vend toujours son gazon aux clubs de foot et de rugby. Client plus inattendu : le cimetière américain de Colleville-sur-Mer qui doit changer plusieurs fois par an ses pelouses piétinées par ses milliers de visiteurs.
Des cellules prélevées sur le cordon ombilical« Mon projet vise à transférer les découvertes en médecine humaine au cheval », annonce Stéphane Maddens, pharmacien lyonnais de 39 ans, spécialiste en thérapie cellulaire, en présentant Vetics lauréat du prix « création d'entreprise ».
« Le principe est de prélever sur le cordon ombilical du poulain des cellules souches pour constituer une banque thérapeutique pour ce poulain » avant d'envisager une application sur d'autres chevaux. Ses cellules congelées le suivront toute sa vie pour traiter une pathologie locomotrice ou une lésion suite à une blessure.
Le projet encore en incubation sera finalisé et financé en 2011. Vétics est élaboré avec le laboratoire Frank-Duncombe de Saint-Contest pour l'aspect infectieux et le CHU de Caen pour reconnaître les bonnes cellules. Stéphane Maddens recherche d'autres partenaires pour l'immunologie.
Xavier ORIOT.