Région > Jura19.11.09 | 04:15 |
LÉGISLATION
Les barbelés ont la vie dure dans les Franches-Montagnes CLÔTURE Dès le 1er septembre 2010, les barbelés seront interdits pour les enclos à chevaux. (GUEN PIXELIO.DE) Dès le 1er septembre 2010, les clôtures en barbelés seront interdites dans toute la Suisse pour les enclos à chevaux. Pourtant, dans les Franches-Montagnes, de nombreux propriétaires de pâturages considèrent que cette échéance est pratiquement impossible à tenir.
«C'est le genre de loi inventée dans un bureau entre 8h et midi par quelqu'un qui n'a aucune idée de la réalité du terrain.» Propriétaire de pâturages au Boéchet, Gérard Jeanbourquin reste «songeur» face à l'article 63 de l'ordonnance fédérale sur la protection des animaux du 23 avril 2008. Le texte interdit, dès le 1er septembre 2010, l'utilisation de barbelés pour les enclos où se trouvent des chevaux.L'agriculteur devrait remplacer environ un kilomètre de barbelés par une clôture électrique, ce qu'il n'est pas sûr de pouvoir faire d'ici septembre prochain. Il juge la mesure «disproportionnée». «C'est comme si on interdisait tous les poteaux parce qu'une fois, un chat est resté coincé au sommet.»
Si les particuliers sont sceptiques, les communes, propriétaires de la majorité des pâturages d'estivage, sont carrément désespérées. La plupart des conseillers communaux, qui n'ont pas été informés par les autorités fédérales, ignorent même la date butoir du 1er septembre 2010. «ça ne va jamais être possible», lâche Philippe Cattin, des Breuleux. Le conseiller communal en charge des pâturages explique que la commune a déjà remplacé cinq kilomètres de barbelés en 2008. Mais il en reste encore beaucoup, «et ça prend du temps».
Même son de cloche à Muriaux. Claude Boillat, responsable des pâturages pour le secteur du village, estime que plus de la moitié des clôtures communales sont encore barbelées. «Chaque année, on en remplace trois ou quatre kilomètres. L'année passée, on avait voté un crédit de 12 000 francs pour ça. Mais il reste des dizaines de kilomètres de barbelés.»
Les CJ sont eux aussi concernés par cette mesure, puisqu'ils sont responsables de toutes les clôtures bordant leurs voies. Mais rien n'a encore été entrepris. «On en parlera à la prochaine séance de direction», lâche Ivan Perrin, chef de la division voies et bâtiments.
Devant le flou de la situation, l'agriculteur et député UDC Frédéric Juillerat vient de déposer une question écrite demandant au Gouvernement comment il envisageait d'appliquer cette «farce». Du côté du Service vétérinaire cantonal, on laisse entendre que des dérogations pourraient être accordées au cas par cas. /NHE
NICOLAS HEINIGER
Barbelé contre électrique «A neuf, construire une clôture barbelée ou électrifiée revient à peu près au même prix», estime Claude Boillat, responsable des pâturages pour le village de Muriaux. Pour lui, le surcoût du système électrique dû aux isolateurs est compensé par la plus petite quantité de piquets nécessaire. De plus, les clôtures électriques supportent mieux la neige. «Le problème, c'est que dans notre région, les barbelés sont déjà là», résume-il encore. Et les démonter pour les remplacer par un autre type de clôture coûte cher.
Principale faiblesse du système électrique, il devient pratiquement inefficace si les fils entrent en contact avec des branches ou des broussailles, ce qui est bien souvent le cas dans les Franches-Montagnes où les pâturages boisés sont légion. «Pour installer une clôture électrique en forêt, il faut calculer le tracé, puis abattre les arbres sur le parcours», explique Philippe Cattin, conseiller communal brelotier en charge des pâturages. Une solution qui risque de ne pas enthousiasmer outre mesure les défenseurs de la nature...