Région > Val-de-Travers13.08.10 | 04:15 | L'Express/L'Impartial
AGRICULTURE
Les veaux et les chevaux menacés par la prolifération du séneçonFLORAISON Michel Horner, du Service cantonal de l'agriculture, présente du Séneçon Jacobée en fleurs et avec ses aigrettes chargées de graines. (FANNY NOGHERO)
Le séneçon jacobée, qui mesure entre 30 centimètres et un mètre, se pare actuellement de jolies petites fleurs jaunes et semble tout à fait inoffensif. Si c'est le cas pour l'homme, il en va autrement pour les bovins - en particulier les veaux - et les chevaux qui peuvent mourir en ingérant cette plante. Sa prolifération, notamment au Val-de-Travers, commence à préoccuper les spécialistes.
Si, pour l'heure, aucun cas d'intoxication n'a encore été signalé au vétérinaire cantonal, la prolifération de séneçon jacobée n'en n'inquiète pas moins la Chambre Neuchâteloise d'agriculture (Cnav) et le Service cantonal d'agriculture.
Actuellement paré de ses petites corolles jaunes, ressemblant un peu à celles des marguerites, le Séneçon Jacobée s'apprête à essaimer ses aigrettes chargées de graines et à coloniser un territoire toujours plus important. «En Suisse alémanique, plusieurs décès de veaux - qui ne savent pas encore sélectionner leur nourriture - et de chevaux ont été recensés», note Michel Horner, ingénieur agronome au Service de l'agriculture.
Une plante d'autant plus sournoise que toutes ses parties contiennent les alcaloïdes qui empoisonnent les animaux en s'accumulant dans leur foie.
Une substance qui n'est pas non plus détruite par l'ensilage ou le séchage et que l'on peut donc retrouver dans le foin dont se nourrissent les animaux en hiver.
Un important foyer est actuellement en pleine floraison dans un champ de Boveresse, où paissent des chevaux.
«C'est le terrain en jachère juste en dessus qui a contaminé ce pré», déplore Philippe Jacot, ingénieur agronome à la Cnav. Contactée, la propriétaire des équidés ignorait totalement le risque couru par ses animaux. «Nous sommes en train d'arracher ces plantes parce qu'elles ne laissent pas de place à l'herbe et les chevaux ne les mangent pas.
Maintenant que je sais que ça peut être nocif pour eux, nous allons accélérer l'arrachage.»
Jachères et fauchages tardifs ou précoces favorisent la prolifération du séneçon jacobée. «L'idéal serait de faucher entre fin juin et début juillet, juste avant la première floraison, de sorte qu'elle n'ait pas le temps d'en faire une deuxième», précise Philippe Jacot, qui souhaite faire passer le message aux agriculteurs, aux privés et aux communes chargées de l'entretien des talus.
Alors quid des fauchages tardifs propices à la sauvegarde de certaines espèces? «Il est évident qu'il faut trouver un juste équilibre, notamment en arrachant directement les plants de séneçon jacobée dès qu'on les repère ou en les traitant plante par plante avec des produits adéquats.» /FNO
FANNY NOGHERO