Meurtre bestialUne ponette a été massacrée dans la nuit de vendredi à samedi, dans le domaine du Château Fleuri, au hameau de Villers-Poz. Un acte abject aux mobiles encore flous. Anna et Héloïse ont donné l’alerte samedi matin. Les deux sœurs s’occupent du poulain de Destiny (au fond, à gauche), âgé d’à peine un mois. Photo Jean-Loup CORNETDestiny avait 13 ans et venait de mettre bas un poulain, il y a tout juste un mois. Samedi matin, la jument a été retrouvée inanimée, violemment martyrisée et torturée, dans un pré jouxtant le Château Fleuri de Villers-Poz, propriété de Candace Wehbe-Dennen. Cette New-Yorkaise à la double nationalité américaine et suisse y élève 19 poneys gallois, depuis 22 ans.
Ce sont cinq jeunes filles travaillant bénévolement dans le domaine qui ont donné l’alerte, samedi matin. « On l’a trouvée couchée sur le sol, vers 10 h du matin. C’était horrible », témoignent Anna et Héloïse Penisson, deux Vendéennes de 17 ans, qui viennent au Château Fleuri depuis trois ans. Le constat rédigé par le Dr Michel Hernou, vétérinaire à Luxeuil, est sans équivoque : « face œdématiée », « canine droite cassée », « muqueuses déchirées »... La face de la jument a été perforée, selon toute vraisemblance par une fourche à foin, et frappée par un objet rectangulaire de 13x6 centimètres. Toujours selon le Dr Hernou, « la jument est visiblement morte d’un traumatisme crânien ou vertébral ».
« Un acte abominable, absurde et inadmissible », pour le maire de Collombier, Gérard Dechambenoit. « Les projets de Mme Wehbe gênent peut-être quelqu’un… ».
Au hameau, la châtelaine n’est effectivement plus en odeur de sainteté. Ses projets de construction d’un village équestre écologique de dix parcelles ou d’une place à bâtir n’ont pas remporté l’adhésion des habitants du hameau, dont la majorité a décidé de rédiger et signer une pétition s’opposant à ces chantiers.
« Les voisins essaient de me faire peur. J’ai reçu des menaces de plus en plus violentes », raconte Candace Wehbe-Dennen. « Cela a commencé par des menaces verbales, des rayures sur la voiture, puis avec une tronçonneuse. On a tiré sur une fenêtre de ma chambre avec une carabine en pleine nuit », assure-t-elle.
Des relations conflictuelles
« C’est n’importe quoi », contestent ses voisins. Claudine et Serge Delecray s’emportent. « J’ai été agriculteur pendant 40 ans, vous pensez bien je n’aurais pas commis un tel acte. D’autant plus qu’il aurait fallu 3 ou 4 personnes pour maîtriser l’animal ». Avant d’insister. « Mme Wehbe est une personne très bizarre. Avant qu’elle n’arrive au hameau, il n’y avait aucun problème… ».
Depuis dix ans, les relations de voisinage sont particulièrement tendues à Villers-Poz. La châtelaine a plusieurs fois porté plainte contre ses voisins. Sans qu’il n’y ait la moindre suite.
« Avant, on s’entendait très bien. Mais maintenant, c’est elle qui nous cherche des noises », se défend Claudine Delecray. En 2007, Candace Wehbe avait souhaité faire détruire le vieux hangar des Delecray, construit il y a plus d’un siècle au bord d’un chemin communal… qui constitue la seule voie d’accès au pré de 3 hectares derrière le château, où les équidés gambadent. La famille Delecray a finalement obtenu gain de cause, après avoir notamment reçu l’appui du maire. Or, la ponette torturée devait passer la nuit du 20 août à l’intérieur de ce terrain. Qui n’est accessible que par ce fameux chemin, via une «entrée dérobée»…
Pour l’heure, une plainte contre X a été déposée samedi par la propriétaire du château. L’enquête est menée par la brigade de la gendarmerie de Vesoul.
Thomas SÉCHIER