Razzia sur les haras normands désertés

Normandie - "Razzia sur les haras normands désertés"

mardi 05 janvier 2010

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  Quand les entraîneurs normands sont à Vincennes, leurs haras sont la cible de cambrioleurs.
  Archives Stéphane Geufroi.
  

Entraîneurs et chevaux sont à Vincennes pour l'un des temps forts du trot : le Prix d'Amérique fin janvier. Les cambrioleurs en profitent pour voler les coffres-forts des haras.

L'histoire

« Voilà cinq ans qu'on n'était pas allés aux courses. Le 13 décembre, mon mari et moi on se rend à l'hippodrome de Vincennes où court Severino, un de nos chevaux. Il termine 3^e du grand prix de la Licorne. Mais quand on est rentrés, le coffre-fort avait disparu », témoigne la propriétaire d'un haras des environs de Dozulé (Calvados).

Pesant 500 kg, le coffre a été retrouvé éventré dans la région de Chartres : les chéquiers ont été brûlés mais bijoux, objets d'art et valeurs ont disparu. Avant de se rendre à Vincennes, le couple a reçu un appel d'un interlocuteur se présentant comme journaliste et leur demandant s'ils allaient voir courir leur cheval. Ultime précaution d'un des malfaiteurs avant de « visiter » le haras déserté.

« En un peu plus d'un mois, nous avons dénombré douze entraîneurs de trotteurs victimes de cambriolages dans les mêmes circonstances », indique Jacques Chartier, directeur technique de la Société d'encouragement du cheval français qui organise les courses de trot en France.

Les entraîneurs à Vincennes

De début novembre à fin février, l'hippodrome de Vincennes concentre 859 épreuves : tous les passionnés du trot se retrouvent pour ce meeting d'hiver. Point d'orgue de ces compétitions, le Prix d'Amérique, disputé le 31 janvier. Pendant ces quatre mois, entraîneurs, jockeys et lads se regroupent au centre d'entraînement de Grosbois qui rassemble alors 1500 chevaux, à 15 km de Vincennes.

Sachant les propriétaires en région parisienne, les malfaiteurs mettent à profit ces absences pour dépouiller les haras. « Ils demandent par exemple un rendez-vous pour acheter un cheval de course ou un yearling », explique Jean-Yves Lécuyer, du haras du Vivier à Houesville, près de Carentan (Manche).

L'éleveur, ayant reçu un coup de fil pour savoir s'il avait des chevaux à vendre, s'est méfié. « Dans le milieu, ça commence à se savoir. » Aussi pour la nuit du 31 décembre, il a fait appel à des vigiles. L'un des premiers éleveurs cambriolés avait répondu au téléphone que le lendemain il assisterait à un enterrement. Les malfaiteurs ont profité de son absence pour entrer par effraction.

Dans la liste des victimes figurent de grands noms du trot : Pierre Levesque, le Prix d'Amérique 2009, cambriolé dans la Manche fin décembre ; Dominique de Bellaigue, président de la SECF dans l'Eure-et-Loir ; Alain Roussel dans l'Orne, trois autres entraîneurs réputés en Mayenne.

« On constate des faits similaires jusque dans le Loiret », précise le lieutenant-colonel Jean-Marc Audouin, n°2 des gendarmes de la Manche. « Est-on en présence de la même bande agissant selon la même méthode ? » s'interroge Jacques Chartier.

Face à la multiplication de ces méfaits essentiellement commis en zone rurale, la gendarmerie va mobiliser ses moyens à travers un groupe de travail régional. Première tâche : recueillir indices et surtout témoignages.


Nadine BOURSIER et Jean-Pierre BEUVE.