Babalou, l’âne le plus heureux de Suisse, s’entraîne à Avenches TRADITION | Il prend son rôle très au sérieux. L’âne officiel du Saint-Nicolas de Fribourg s’exerce assidûment depuis le mois de novembre au haras national suisse. Rencontre avec cette star à poil ras. CHRISTIAN AEBI | 02.12.2009 | 00:05
Ah! s’il pouvait parler,
Babalou serait le premier à confesser qu’il doit être l’âne le plus heureux du pays. C’est l’unique baudet à vivre dans la Mecque du cheval, où son seul boulot est de saillir quelques juments pour faire des mulets. Il y a pire comme condition. Mais, à 14 ans, ce magnifique étalon de 320 kilos est surtout l’âne le plus photographié du pays. Tous les premiers samedis de décembre, c’est lui qui a l’honneur de promener Saint-Nicolas sur 3 kilomètres dans les rues de Fribourg. C’est l’un des cortèges les plus populaires du pays, il attire chaque année plus de 20 000 personnes.
Voilà dix ans que
Babalou assure le rôle sans jamais faillir, du haut de son 1,44 m au garrot. «Il a un caractère fantastique. Il ne nous a jamais plantés au milieu du cortège et il n’a pas peur de la foule. Au contraire, on dirait qu’il aime ça.» Celui qui parle ainsi a un nom prédestiné pour accompagner Saint-Nicolas… c’est Jean-Pierre Christe. Ça ne s’invente pas.
A l’entraînement!
Etalonnier du haras à la retraite, Jean-Pierre Christe conduit
Babalou dans toutes ses prestations avec son ami Hans Herren. «Vous savez, c’est un âne très intelligent, dit le retraité. Il comprend tout. Et quel bon caractère! Il avance tout seul.» Hans Herren abonde: «Quand on est au milieu d’une telle foule, nous, nous sommes impressionnés. Lui, rien! Les gens le caressent, se pressent. Il est imperturbable. Ça m’étonne toujours de le voir si calme.»
Le week-end s’annonce chargé pour l’animal à l’échine saillante: il se produira vendredi soir au foyer Saint-Justin de Fribourg, samedi à Fribourg et dimanche à Avenches. Une vraie star, on vous dit.
Hier matin, 8 h,
Babalou était à l’entraînement. II a beau connaître le rôle par cœur, il a besoin d’exercices. A part s’occuper épisodiquement des juments, il ne fait rien, le pacha. Depuis quelques semaines, il est monté régulièrement. Comme un cheval. Manège couvert, selle, brides, mors aux dents et une écuyère sur le dos. Il trotte d’un bon pas et sans fer aux sabots. «Cet entraînement est une sorte de remise en forme pour lui éviter des courbatures, sourit Marianne Burri, écuyère en chef du haras. Il faut aussi qu’il se réhabitue à la bride et à la selle.» Maeva Béchir, apprentie, le fait ainsi travailler pendant une heure, presque tous les jours. «Il est vraiment adorable, dit-elle. Il obéit facilement. Mais quand il ne veut pas faire quelque chose, il est plus têtu qu’un cheval.»
Au milieu de ses juments
Sage comme une image lorsqu’il est raccompagné à l’écurie,
Babalou est tout fou de retrouver son box. Et surtout ses six juments de voisines. Il fait pivoter ses longues oreilles d’avant en arrière et brait un bon coup. «L’âne est très sensible. Le cheval est un animal de fuite, l’âne est plus intelligent, plus émotionnel aussi. Il veut comprendre ce qu’il fait», explique Marianne Burri. Faute de quoi, l’animal se fige. Comme cela avait été le cas il y a quelques années à Fribourg. Une ânesse s’était couchée au milieu de la rue, devant la gare, en pleine procession. Impossible de la faire bouger. Même Saint-Nicolas ne savait plus à quel collègue se vouer. Il avait dû patienter une demi-heure avant que la bête ne se décide à repartir, seule. Ô Miracle.
