mercredi 13 janvier 2010 - 05:19
Condamné avec un troupeau en péril Le tribunal de Cusset a condamné le propriétaire des chevaux de Glozel, près de Vichy, à rembourser la SPA pour les soins qui leur ont été apportés en urgence. Mais il laisse la garde d'un troupeau en péril à un homme qui se dit désemparé. La condamnation est tombée hier, au tribunal correctionnel de Cusset.
Henri Cherblanc, 72 ans, domicilié au hameau de Glozel, où les autorités l'avaient cherché en vain l'an dernier quand son troupeau avait été trouvé dans un état pitoyable, vient d'être condamné à rembourser 3.690 euros à la SPA (*). Le tribunal l'a également condamné à 250 euros d'amende pour le cadavre d'un cheval trouvé en état de décomposition dans son pré.
Mais les magistrats ont requalifié la poursuite initiale (pour « actes de cruauté envers les animaux ») en contravention pour « privation de soins à animal domestique ».
Le placement ou la saisie réclamés par la SPA ne pouvaient, dès lors, plus être envisagés.
Pour cette infraction, Henri Cherblanc devra s'acquitter de 25 jours amende à 50 euros (soit 1.200 ?). Mais il retrouve « toute latitude pour vendre » ou entretenir décemment les 29 bêtes.
Hier, le directeur de la SPA, Patrick Labega, ne cachait pas sa déception.
En espérant une décision de justice qui lui confierait les chevaux, la SPA les avait identifiés et nourris. Mais en octobre, s'estimant menacée sur les lieux, elle avait officiellement renoncé.
Depuis, les chevaux les plus faibles ont à nouveau maigri. L'étalon fait toujours régner sa loi dans un troupeau largement consanguin. Et la SPA craint une rapide dégradation de l'état des chevaux.
Sur place, Henri Cherblanc explique pourtant qu'il fait ce qu'il peut, compte tenu de son propre état.
L'homme sait qu'il devra vendre, ne serait-ce que pour payer les amendes. Mais dans la neige qui s'est installée, un poulain tout juste sevré n'a déjà plus que la peau sur les os.
Isolé, sous 20 centimètres de neige, psychologiquement et « physiquement à bout », visiblement dépassé par la situation, Henri Cherblanc sait qu'il ne s'en sortira pas seul.
Mais qui pour l'aider ? Me Benalikhouja regrette qu'une situation « connue depuis longemps » n'ait pas attiré l'attention des pouvoirs publics avant la « fuite en avant de son client ». Aujourd'hui, c'est retour à la case départ.
Vingt-neuf chevaux, c'est un travail d'entretien que le vieil homme ne peut pas accomplir avec un dos abîmé. Il n'a plus de foin et ne sait pas où s'en procurer « dans la mesure de (ses) moyens ».
Et, situation inextricable, il en veut à la SPA, qu'il accuse de l'avoir empêché de vendre des chevaux quand il pouvait encore en tirer quelque chose.
Lorsqu'il avait été entendu par le tribunal en novembre, Me Benalikhouja avait expliqué l'isolement et la fragilité psychologique de cet ancien professeur d'enseignement technique venu se perdre sur les terres de Ferrières. « On ne m'a jamais accepté ici. Dans ce pays, sans solidarité, on a préféré me regarder crever plutôt que de m'aider », répétait-t-il inlassablement, hier, devant le mobile-home où il s'est installé.
Au final, sa réponse face à l'urgence est aussi maigre que l'herbe en hiver : « Il faut que des gens reviennent aider les chevaux ». Il assure « qu'on venait avant toute cette histoire » et lance un appel à qui pourrait le dépanner.
Mais il reste bien le seul propriétaire des chevaux, avec ses droits et ses devoirs devant une grange presque vide.
Anne Bourges(*) La somme correspond aux frais d'alimentation et de vétérinaire engagés par l'association qu'un arrêté préfectoral avait chargé de remettre d'aplomb le troupeau.