Une jeune licquoise poursuivie pour mauvais traitements à animaux
Un cheval décède suite à des maltraitances dans une pension équestre
dimanche 26.09.2010, 14:00
Calypso a perdu près de 300 kilos en quelques mois seulement.
En octobre 2009, une jeune licquoise de 20 ans décide de transformer sa propriété en pension équestre, et de se placer sous le statut d'autoentrepreneur.
C'est via internent qu'elle entend se faire connaître. Mais les soins à délivrer aux chevaux nécessitent une certaine expérience qu'elle ne possédait manifestement pas, pas davantage que les moyens financiers qui vont avec.
Pourtant, les annonces postées sur le site « Le bon coin » sont alléchantes. On peut y lire : « Pension pour chevaux en boxs et sorties en pâtures, débourrages écologiques, éducation du cheval en douceur, soins garantis... et ce par deux cavalières confirmées ».
Des premiers clients ne tardent pas et confient leurs chevaux à la jeune femme. Des chevaux « en bon état », comme Calypso qui arrive à Licques en novembre 2009. Il ressortira de sa pension six mois plus tard, mort, euthanasié en mars 2010, intransportable, après avoir perdu 300 kilos lors d'une longue agonie.
Moult témoignages sont recueillis, tous plus accablants les uns que les autres : « Les chevaux restent dehors, dans un espace réduit (à peine 8 000 mètres carrés pour huit chevaux). Dans les boxs, ils restent dans le noir. Et quand elle les sort, elle les laisse sous la pluie, avec des couvertures trempées sur le dos, y compris quand il fait fort froid. Les bêtes ont les jambes embourbées jusqu'aux genoux, sans même un brin d'herbe à manger. Ils ne sont pas nourris et vont même jusqu'à dormir dans le crottin et manger leurs excréments... »
Obligés de manger leurs excrémentsDevant ces mauvais traitements, de nombreuses associations, en plus du propriétaire du cheval, se sont portées parties civiles : la fondation Brigitte Bardot, la ligue de protection des animaux, la fondation Stéphane Lamare et la société d'assistance aux animaux. Mais à la barre, la prévenue dément formellement toutes ces accusations : « Tout ça est faux. Je les changeais et je les nourrissais. Une fois, le voisin m'a prêté une étable et il a voulu que je les attache. Il m'a donné deux ballots de paille de 400 kilos. Je leur donnais même des compléments, des céréales, des carottes et des pommes... Calypso, il faisait de la dépression. J'allais le voir tous les jours et il allait de mieux en mieux. » La jeune fille reprend : « On ne nous aime pas à Licques, parce qu'on a une voiture pas comme les autres, et qu'on a déjà une maison alors qu'on est encore jeunes. Il y a toujours eu de la jalousie... J'ai déjà retrouvé mon chat mort, dans ma maison. On veut me mettre au fossé et on doit parfois semer nos poursuivants. »
« Les gens de la commune sont jaloux »Mais la présidente souhaite restée concentrée sur le dossier : « Une dame est venue rechercher sa jument à temps car elle a bien vu que ça se passait fort mal. Ce ne fut pas le cas du propriétaire de Calypso que vous avez toujours essayé d'esquiver.
On comprend mieux pourquoi aujourd'hui. Pourquoi prendre autant de chevaux dans si peu de place ? Comment réussir à nourrir tout le monde dans des conditions aussi précaires ? Les bêtes étaient maigres à faire peur. Votre maison était devenue insalubre, avec ces chats et ces chiens pas entretenus du tout, qui buvaient leur urine. Certes, vous n'avez pas commis sur ces bêtes d'actes de cruauté, mais une telle négligence, c'est forcément de la maltraitance. Un animal est un être vivant qui doit être nourri. Vos animaux mourraient de faim. »
Négligence, incompétence et amateurismeMais la jeune fille reste en désaccord avec ces dires : « Je nourrissais mes bêtes car je les aimais. J'ai été traumatisé par ces faits. J'ai pleuré des semaines et des semaines pour Calypso, peut-être même plus que son propriétaire. Et si mon nom apparaît encore sur le net à la tête de la pension, c'est parce que je suis bénévole. C'est une amie qui est présidente de l'association. Elle est fort timide, et pour le téléphone, c'est moi qui réponds. » Avant de reconnaître : « A l'époque, c'est vrai qu'avec mes chevaux en plus, c'était trop et j'ai été dépassée. » La substitute l'a bien compris : « Ce qui caractérise ce dossier, c'est votre amateurisme et rien d'autre, même si vous aviez la volonté de bien faire, sincèrement. Vous n'étiez ni qualifiée, ni compétente en la matière. Ce jour, le tribunal a à juger un désastre. Il vous fallait des structures, du financement. On n'improvise pas une pension équestre. Vous manquiez d'argent. C'est une logique mathématique évidente. Vous vous êtes noyée.
Toutefois, il faut rester raisonnable et raisonné... » Elle requiert donc quatre mois de prison avec sursis à condition d'effectuer un TIG de 180 heures dans le délai de 18 mois.
Le jugement a été mis en délibéré et sera rendu le 30 septembre 2010, à 8 h 30.
Brigitte GOURRET