COUP DUR POUR LE PRINCE AL-MAKTOUM
CLAUDIE BARAN
04/12/2009
L'homme fort de Dubaï est à la tête d'une fortune estimée à 11 milliards d'euros. Sa passion pour les chevaux de course ne devrait pas trop souffrir de la crise.
Au moins 53 milliards d'euros de dettes et la quasi-faillite du principal conglomérat immobilier de l'émirat : sacré coup dur pour l'homme fort de Dubaï ! Le cheikh Mohammed Ben Rachid al-Maktoum, principal actionnaire de la Dubaï World et propriétaire de l'ensemble du territoire, est-il touché par la crise ? Pire, sa fortune est-elle menacée ? Dixième représentant d'une dynastie célèbre pour son sens de la démesure et ses caprices fantasques, le souverain pourrait être celui qui jette l'opprobre sur la prestigieuse lignée des Bani Yas.
A la tête d'une fortune personnelle estimée à 11 milliards d'euros, Cheikh Mo (comme l'appellent ses intimes) n'est pas près de se retrouver sur le sable. Il est féru de hippisme et sa passion ne connaît pas de limites... financières.
Reconnu comme le plus grand propriétaire et sélectionneur de chevaux au monde, il est l'investisseur le plus puissant dans l'univers des courses. Depuis plus de dix ans, des sommes colossales ont été placées dans la filière équine. Le souverain possède environ 4 000 chevaux de course répartis entre haras, écuries et propriétés situés principalement sur le sol européen.
En août, alors que le monde traversait une crise économique sans précédent et que l'anxiété des investisseurs était à son paroxysme, la vente de yearlings à Deauville a battu tous les records. En 2008, Cheikh Mo avait signé un chèque de presque 5 millions d'euros pour solder 14 achats. Cette année, ses superbes acquisitions lui ont coûté 3 millions d'euros. Faut-il y voir un signe de modération ? En attendant, il n'hésite pas à débourser en moyenne 15 millions d'euros lors des ventes de Newmarket en Grande-Bretagne ou de Lexington aux Etats-Unis. Il renouvelle ses écuries d'endurance en faisant l'acquisition de 200 chevaux de la catégorie par an, sauvant, à l'occasion, la discipline. En 1994, avec son frère, il fonde l'Ecurie Godolphin, la première multinationale d'entraînement de pur-sang au monde. Depuis, ils raflent tous les prix, y compris les plus prestigieux. Cette année, parée de la casaque bleue, l'écurie a franchi le poteau d'arrivée en vainqueur à l'occasion de 29 courses et amassé 4,6 millions d'euros de gains.
En France, la malheureuse histoire de cinq pur-sang arabes abandonnés par leur propriétaire dubaïote dans une propriété du Lot-et-Garonne a été perçue comme un signe manifeste de la débâcle de l'émirat. Erreur. Quand ce ne sont pas les chevaux qui font la fortune du cheikh, c'est son sens inné des affaires. N'oublions pas qu'il a acquis, en 2006, le holding britannique P &O (Peninsular &Oriental) avant de racheter une autre institution, Tussauds, et qu'il est le principal actionnaire de la Bourse de Londres, ainsi que de la banque Standard Chartered.
Ses rêves de grandeur ne devraient pas trop souffrir de la crise, la cassette de Cheikh Mo se confondant avec les caisses de l'État.
